Approche [...]

Vacille
certain désormais se tenir ne t’attacher ne te mettre à terre
tes affuts tes enfouissements murmures tes infimes ramassements ton basculement jamais familier jamais sûr
au bord de t’enfuir à la seconde emportant tout repu retour
ta langue tendue emplie prête attend
traverse embrasse
entre les noms
surgis
étreins
relâche

À bouts de toi l'envie encore inouïe de traverser de te pousser tenir de t’attendre vouloir les haltes retrouver tes yeux m’enfoncer apaiser au cœur ne s’arrêter t’avaler t’admirer pouvoir cru rude et revenir à la force noire aux vaillances hors des noms et comptes à travers les chairs

En place de mes yeux ton visage de reine jeune et puissante entre tous les corps entremêlés enfermés terrés en moi m’éloignent

Ma colère devient souffle
quitte les nuits
force me rend
affranchis
accompagne
attends

Alors je me sens prêt et faible et nu avant
t’approche
je peux commencer me tenir alors devant entier fébrile

Me parler me revoir
tu ne peux jamais plus
ton ventre
ton cœur ta retenue
ta fuite ta famille
mon besoin vital d’aller trop loin
de pousser l’inévitable

Recouvre
fidèle
fige
refugie
reste
porte
Je ne quitterai
n’emporterai
n’accepterai
n’affronterai
je ne renommerai
refuse comme ces petits morceaux posés cachés tout autour près de toi mes fausses présences juste de menus signes te rassurent te mentent
jamais su aller plus loin aux bouts traverser soulever toutes ces peaux installés nos vies comme immuables

De quel jour sommes nous dignes
de quoi nous affranchirons-nous
que vais-je tuer en toi
de quelle autre vie avons-nous besoin dont nous serons capables
nous ne pouvons que nous mentir
sans le voir ignorants nous tromper
je ne m’attache n’appartiens
de quoi avons-nous si peur pour rester pour écouter autant pour être si rangés si dociles
à quoi nous cramponons-nous
nous ne savons plus errer
que devons-nous que pouvons-nous que saurons-nous laisser perdre
abandonner
à quoi je te sers d’espoir que finalement tu vas renier
nous nous engouffrons
à ne pas oublier
à nous retenir
à nous rendre supportable
à laisser l’illusion de possibles menacer nos timidités
nos lâchetés
nos batailles livrées éperdues
crues déchirées
savoir ou revenir sincères
nous avons perdu l’errance

 

 

Des visages, 2015

 

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Terre cuite gravée





 

EMMANUEL ARAGON


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